• l’année dernière
Depuis que l'inclusion scolaire des enfants handicapés est devenue un enjeu prioritaire en France, cette volonté d'intégrer tous les enfants dans l'école de la République a bien du mal à se concrétiser. Laura Cobigo, une jeune institutrice de 35 ans, elle-même maman d'un enfant porteur de polyhandicap, était convaincue de la capacité de tout enfant à progresser et à apprendre. Alors l'institutrice s'est retroussé les manches, a récolté des fonds et a créé de toutes pièces une école sur mesure, L'Ecole des Possibles, à Guidel dans le Morbihan. Elle y accueille 8 enfants de 4 à 11 ans. Malgré leurs lourds retards moteurs et cognitifs, Laura a beaucoup d'ambition pour ses petits élèves. Avec des méthodes adaptées, elle les prépare à l'inclusion scolaire « en milieu ordinaire ». Une expérience concluante et un espoir pour ces enfants et leurs familles à qui, jusqu'ici, on ne proposait pratiquement rien. Année de Production :

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00:00 (indicatif musical)
00:03 (indicatif musical)
00:06 ...
00:35 -Ce samedi, l'association que j'ai fondée
00:38 organise un groupe de parole.
00:40 Échanger entre nous, une nécessité,
00:42 pour tous les parents qui, comme moi,
00:45 font face au handicap d'un enfant
00:47 et doivent gravir sans cesse des montagnes.
00:50 Aujourd'hui, avec une spécialiste,
00:54 nous discutons scolarité et apprentissage scolaire,
00:58 un de nos nombreux combats.
01:00 -Je suis en libéral et j'accompagne des parents
01:03 en situation de handicap, et le gros sujet,
01:06 c'est la scolarisation, parce que c'est compliqué,
01:09 parce que c'est difficile.
01:11 Quel est le parcours de vos enfants
01:13 et ce que vous souhaiteriez par rapport à la scolarisation ?
01:17 -Je m'appelle Nathalie, j'ai un petit garçon de 8 ans
01:20 qui est scolarisé en milieu ordinaire,
01:22 mais il est scolarisé pile le minimum,
01:24 c'est-à-dire 6 heures.
01:26 Loïc, c'est la maîtresse, qui lui fait pas de place.
01:29 Donc il fait du niveau maternel,
01:32 alors qu'il a certainement des choses à faire,
01:34 mais il y a aucun apprentissage scolaire.
01:37 Et puis, en plus, il est transparent.
01:39 Elle a dit qu'elle est impuissante, qu'elle sait pas comment faire,
01:43 mais elle a juste pas envie.
01:45 -Il faut savoir les chiffres.
01:46 Plus de 50 % des enfants en situation de handicap
01:49 ont moins de 6 heures de scolarisation par semaine,
01:52 dont la moitié rien du tout.
01:54 -Plus d'un quart des enfants en situation de handicap
01:57 ne reçoivent aucun enseignement scolaire.
02:00 Plus de la moitié, un enseignement à minima.
02:03 Comme moi, les parents sont démunis et en plein désarroi,
02:07 car l'enjeu, comme pour tous les autres enfants,
02:10 est déterminant pour eux, pour leur avenir
02:13 et la place que la société voudra bien leur donner.
02:16 -On m'a dit qu'il sait pas lire, qu'il sait pas écrire,
02:19 qu'il a un niveau de grande section CP.
02:21 Nous, on faisait confiance, on disait,
02:23 "On n'est pas professeurs."
02:25 Avec le Covid, ça a été le déclenchement.
02:27 J'ai commencé à faire du 1 pour 1.
02:29 On fait le niveau cinquième.
02:32 Un enfant handicapé, déjà, il a une difficulté.
02:34 Il doit toujours prouver ses capacités,
02:37 encore plus que les autres.
02:38 -On en est là, effectivement,
02:40 que ça soit dans le milieu ordinaire
02:42 ou dans le milieu spécialisé.
02:44 -J'ai l'impression qu'on se bat
02:46 contre un système qui ne veut pas de nos enfants.
02:49 C'est que des bâtons dans les roues.
02:51 Moi, ma situation, j'ai un enfant de 14 ans,
02:54 donc un adolescent, un garçon,
02:56 qui est en institut.
02:59 Et l'année dernière, il a pu avoir une enseignante,
03:03 qui est arrivée,
03:04 et qui, vraiment, a essayé de faire du scolaire avec lui.
03:08 Mais ça va être sur 30 minutes, en groupe.
03:12 Vous pouvez avoir 4-5 enfants.
03:14 -On considère que, bon, voilà, pour faire plaisir aux parents,
03:18 on va leur donner 30 minutes dans la semaine,
03:20 mais on n'en voit pas l'intérêt.
03:22 Encore une fois, le droit à l'éducation,
03:25 c'est un droit fondamental, qu'il soit en institution
03:27 ou dans le milieu ordinaire.
03:29 Il faut avoir les reins solides.
03:31 -On y perd notre santé, notre santé mentale.
03:34 Musique douce
03:36 ...
03:40 -C'est le même constat sur les réseaux sociaux.
03:43 Les témoignages sont forts.
03:45 C'est un combat épuisant.
03:47 Ont-ils le droit de refuser ma fille ?
03:50 C'est injuste.
03:51 Ce n'est pas de l'inclusion, mais de la ségrégation.
03:54 Alors, l'inclusion scolaire, un mirage ?
03:58 Comment leur donner une chance de développer leur potentiel,
04:02 d'être acceptée dans une école de la République bienveillante
04:05 qui les aide à s'épanouir ?
04:07 Est-ce impossible pour la majorité de ces enfants ?
04:11 Pourtant, à force de chercher,
04:13 je tombe sur une expérience qui me semble incroyable.
04:17 Une école, une vraie, pour les plus handicapés,
04:21 appelée le centre des possibles,
04:24 créée par une enseignante que je brûle d'envie de rencontrer.
04:28 Et après quelques échanges avec elle,
04:30 me voici partie à Guidèle,
04:33 dans le Morbihan, entre mer et terre.
04:35 -Bonjour, les enfants. Bienvenue en classe.
04:38 Aujourd'hui, ensemble, on va se dépasser.
04:41 Malo, Anna, et puis Luna.
04:43 Tous ensemble, on va bien travailler.
04:46 On va bien écouter.
04:50 Wouh ! Wouh !
04:53 On va bien rigoler.
04:56 Wouh ! Wouh !
04:58 Nous, dans notre école, on fait plein de choses,
05:01 des activités et de la musique,
05:04 guitare et piano, se reposer
05:07 et discuter toute la journée.
05:10 On va bien rigoler.
05:14 Wouh ! Wouh !
05:17 Hé, hé ! Bravo !
05:19 Rires
05:21 -Tu viens de chercher, Luna ? Quel jour sommes-nous ?
05:24 Le mercredi !
05:28 Hum, hum... Réfléchissons.
05:32 Anna, est-ce qu'on vient à l'école le mercredi ?
05:35 Est-ce que le mercredi, Anna, est-ce qu'on vient à l'école ?
05:40 -Elle t'a dit... -Non, non, non.
05:42 -On vient pas à l'école. -Anna, elle a dit non.
05:45 -Aujourd'hui, nous sommes... -Oui.
05:47 -Oui, Luna, tu vois. Super. Bravo, nous sommes...
05:50 -Mardi.
05:52 -Lundi matin,
05:55 Luna, Anna et puis Malo
05:58 sont venus à l'école pour faire des rigolos.
06:02 Mais comme j'étais partie, Anna, elle a dit,
06:06 puisque c'est ainsi, nous reviendrons mardi.
06:10 -Nous sommes aujourd'hui... -Mardi.
06:13 -Luna est prête ce matin, Marion, elle m'a répondu.
06:17 Elle est prête à travailler.
06:19 Anna !
06:21 -Comme tu le fais. -Comme tu le fais.
06:24 OK. Tu es prête à travailler. Je te remercie, Anna.
06:28 Est-ce que tu veux me dire...
06:31 Tu vois, toi aussi, tu es prête à travailler.
06:34 -Laura Kobigo est l'enseignante qui a créé le centre des possibles.
06:39 Elle fait la classe par petits groupes à 9 enfants,
06:42 de 5 à 13 ans.
06:44 Des enfants qui souffrent de lourds retards moteurs et cognitifs.
06:49 Ceux qui sont le plus souvent exclus
06:51 de l'inclusion scolaire en école ordinaire.
06:54 Ils ne parlent pas, marchent difficilement ou pas du tout,
06:58 ont du mal à tenir leur tête et à fixer leur regard.
07:02 Mais Laura croit en eux et en leurs capacités
07:05 et à l'idée qui semble folle de leur faire classe
07:09 et de les préparer à l'inclusion scolaire.
07:12 -Elle veut partir en sortie scolaire.
07:15 Leur maman leur a prévu de l'argent pour prendre un ticket de bus.
07:20 -Tournez la page.
07:22 -Chose. -Argent.
07:24 -De l'argent.
07:25 Là, on n'a que 5 élèves.
07:28 Où est-ce que tu vois le 5 ?
07:30 Oui, c'est ça. -5.
07:34 -5, super ! 5.
07:35 -Pour y parvenir,
07:37 Laura utilise des outils adaptés à chacun.
07:40 -Il y en a...
07:42 -Deux.
07:44 -Je vous laisse travailler.
07:46 -Les exercices sont individualisés.
07:49 -Aujourd'hui, on va travailler la description
07:53 et le placement des objets en utilisant les mots de vocabulaire.
07:57 On a "au-dessus".
07:59 Tu les connais, les pictos ?
08:01 Là, on a "gauche" et "droite".
08:03 "Au-dessous".
08:05 Et là, on a "derrière".
08:08 Le clown, il est où ?
08:10 Avec ses balles. Le clown jongleur.
08:12 Le clown, il est où ?
08:14 -Il est là.
08:15 -Je sais pas comment ça s'appelle.
08:17 -Ouais, c'est bien, bravo !
08:19 -Au-dessus. -Super, Lola !
08:21 Tu nous as dit "dessus".
08:23 Marion, le temps que j'ai à travailler avec Anna,
08:26 je lui ai demandé de lui dire le lapin par rapport au trampoline.
08:30 -L'enseignante guide l'adulte qui accompagne l'enfant
08:33 quand elle doit passer à un autre élève.
08:36 -Elle prend son ticket.
08:37 -On compte ? Allez, c'est toi qui compte.
08:40 -Elle est en train de vivre pour un enfant.
08:42 C'est ce que l'on appelle du "un pour un".
08:45 Elles sont éducatrices, aides-médicaux-psychologues,
08:48 parfois même volontaires en service civique.
08:51 L'enfant n'est jamais livré à lui-même.
08:54 Il n'y a pas de temps mort.
08:55 Même si, bien plus qu'ailleurs,
08:57 respecter la fatigabilité et le rythme de l'enfant
09:00 est incontournable.
09:02 -Je vais te poser une grosse somme.
09:04 Anna, Anna, Anna, Anna.
09:06 Est-ce que tu veux qu'on arrête de travailler ?
09:09 Est-ce que tu veux qu'on arrête, là,
09:11 parce que tu n'es pas disponible ?
09:13 Oui.
09:14 -On y va. Tu donnes assez de l'eau.
09:16 On fait pas taque.
09:17 ...
09:20 ...
09:21 Les deux, déjà, de bonne heure.
09:23 ...
09:29 ...
09:35 ...
09:44 -Toujours encouragée et adaptée malgré les difficultés,
09:50 c'est finalement notre quotidien, nous,
09:52 parents d'enfants différents.
09:54 Et si Laura sait si bien le faire dans son école,
09:58 c'est qu'elle aussi fait face au handicap de Malo, 11 ans,
10:03 son fils aîné.
10:04 ...
10:06 Laura et son conjoint, Renaud,
10:08 sont tous les deux enseignants en maternelle.
10:11 Et leur histoire fait écho à la mienne,
10:13 comme à celle de tous les parents
10:15 qui font face au handicap d'un enfant.
10:17 -Nourriture.
10:18 ...
10:20 Légumes.
10:22 Pommes de terre.
10:23 -Ah bah, justement.
10:24 -Pommes de terre. -Très bien.
10:26 ...
10:34 -Ca va ?
10:35 -Oui.
10:36 -A la naissance, quand la sage-femme est venue me le présenter,
10:39 la première pensée que j'ai eue, c'est "Il a une tête bizarre".
10:43 Donc la première nuit, il a commencé à faire des désaturations,
10:47 à avoir les lèvres bleues,
10:49 et à devenir encore plus mou qu'il ne l'était.
10:52 J'ai appelé les sage-femmes qui arrivaient,
10:54 mais j'avais déjà réussi à le remettre,
10:56 donc elles voulaient pas vraiment me croire.
10:59 Quelques heures après, il a refait,
11:01 j'ai appelé la sage-femme qui, elle, a constaté tout de suite.
11:04 Elle me l'a pris directement, et après, ils ne l'ont pas ramené.
11:07 -Un mois plus tard,
11:09 Malot sort du service de néonatologie.
11:12 Commence alors l'insoutenable errance de diagnostic.
11:16 -On nous a même annoncé un jour
11:18 que Malot allait mourir dans les mois qui allaient arriver,
11:22 que c'était neurodégénératif et rapide.
11:24 Donc, en fait, ils ont mal fait le test,
11:27 et le résultat de ce test m'a été annoncé
11:30 par une neuropédiate qui a décacheté l'enveloppe devant moi.
11:33 Elle avait pas pris connaissance des résultats
11:35 avant de me recevoir, et j'étais toute seule avec mon bébé
11:38 de 6 mois, et elle m'a dit
11:40 "Cache, là, c'est neurodégénératif.
11:42 Malot va décéder dans les mois qui arrivent."
11:44 -On a pris l'initiative d'aller à Necker.
11:47 -Ils lui ont fait faire un test génétique,
11:49 et on a testé chez Malot une translocation chromosomique.
11:52 Il a deux chromosomes,
11:53 et un morceau de chaque chromosome, ils se sont échangés.
11:56 -Tous les traitements qu'il avait pris pendant plus d'un an,
11:59 c'était inutile, toutes les hospitalisations...
12:02 -Les examens invasifs, c'était inutile.
12:04 C'est vrai qu'à partir de là,
12:06 on a commencé à réfléchir vraiment différemment.
12:08 Musique douce
12:11 ...
12:12 -A un moment donné, toi, tu demandais
12:15 à ce qu'il ait trois séances de kiné par semaine,
12:17 ce qui, pour nous, était pas aberrant,
12:20 parce que c'était un enfant qui avait besoin de rééducation.
12:23 -Et qu'il aimait ça, il supportait bien les séances.
12:26 -Et là, par contre, on a tout de suite été catalogués
12:29 comme parents qui surstimulaient leur enfant.
12:33 -Et qui ne voulaient pas accepter le handicap.
12:35 -Ils ne voulaient pas accepter le handicap.
12:37 Du coup, ça, ça a été aussi assez difficile à accepter, quand même.
12:41 Musique douce
12:43 -Cette réflexion, un classique.
12:45 Moi aussi, j'y ai eu droit.
12:47 Alors le doute s'installe, la confiance s'émousse,
12:51 et comme beaucoup d'autres, Laura et Renaud
12:53 cherchent et trouvent des thérapies plus intensives
12:56 pratiquées en Europe.
12:58 ...
13:00 Et à force de persévérance,
13:02 Malot acquiert la marche à 6 ans.
13:05 ...
13:10 -Quand il a fallu scolariser Malot,
13:12 l'idée, c'était "Ah non, non, non,
13:14 "un enfant polyhandicapé, oula, une heure par jour,
13:18 "mais grand maximum, et peut-être pas tous les jours."
13:21 Et finalement, en insistant un petit peu,
13:23 et puis c'est vrai que vu qu'il était dans l'école où j'étais,
13:27 on avait un lien, évidemment, plus facile avec mes collègues,
13:30 finalement, il a fait toutes ses matinées,
13:32 et ça s'est toujours magnifiquement bien passé.
13:35 Ce qu'on peut aussi dire, c'est que malheureusement,
13:38 plus l'enfant grandit, moins il y a de solutions.
13:41 Autant scolariser un enfant, dans le cas de Malot polyhandicapé,
13:44 en maternelle, on y arrive après,
13:47 dès lors que l'enfant commence à avoir 5 ans ou plus,
13:51 alors là, les difficultés vont s'accumuler de manière croissante.
13:55 Pour le scolariser, pour tous les problèmes
13:57 qui arrivent liés à la motricité,
14:00 les appareillages, voilà.
14:02 Tous les problèmes, alors, ça cumule systématiquement.
14:06 -Face à ces difficultés, Laura ne se résigne pas
14:10 et comprend qu'elle va devoir prendre son bâton de pèlerin
14:14 pour aller plus loin.
14:15 -J'avais vraiment envie d'offrir à Malot
14:21 une expérience pédagogique différente,
14:24 et j'avais envie de tester des choses,
14:26 pas sur lui, mais avec d'autres enfants,
14:28 et quelque chose avec un programme pluridisciplinaire
14:32 où on pourrait à la fois accompagner Malot
14:35 sur le moteur, sur le sensoriel, sur le cognitif,
14:39 chose que l'école ne pouvait pas offrir
14:41 dans les conditions là actuelles.
14:43 Adèle, elle t'a préparé un petit jeu !
14:46 -Elle t'a préparé un petit jeu. -Viens, viens voir.
14:49 -Waouh ! Super !
14:51 -Qu'est-ce qu'il doit trouver ? -La baguette chat.
14:54 -La baguette chat, près des livres. Où sont les livres ?
14:57 -Par ici. -Allez, vas-y, cherche.
14:59 Où sont les livres ?
15:00 -Par ici, Malot.
15:02 -Allez.
15:03 Oui ! Bravo, Malot !
15:07 Super !
15:09 -Moi, Malot, je t'aime.
15:13 -Oh, c'est trop gentil, hein, je trouve.
15:16 -Je t'aime.
15:17 Musique douce
15:18 -Laura prend alors un congé sans solde
15:21 de l'Education nationale pendant deux ans.
15:24 Deux ans pour bénévolement se former à différentes méthodes,
15:28 rédiger son projet, dénicher un local,
15:31 chercher des subventions privées, embaucher une équipe
15:34 et garantir la gratuité aux parents qui lui ont fait confiance.
15:38 Et en février 2021,
15:41 elle ouvre enfin son école,
15:43 sans aucune aide de l'Education nationale,
15:46 trop lourde à faire bouger.
15:48 -Eux, ils ont leur rythme de 5-10 ans.
15:51 Moi, j'ai pas ces années-là à perdre.
15:53 Malot arrive derrière, je dois lui offrir du concret.
15:56 J'ai été chercher les fondations,
15:58 mais j'ai continué et j'ai bataillé
16:00 pour garder des relations avec l'Education nationale.
16:04 C'est pour ça qu'on a réussi à avoir cette reconnaissance publique.
16:07 -Ouais ! Super !
16:10 -L'Education nationale a reconnu son travail
16:14 et l'école des possibles est devenue officiellement
16:17 une unité d'enseignement pour enfants handicapés.
16:21 Laura, quant à elle, est à nouveau rémunérée
16:24 pour enseigner dans son école, mais à mi-temps.
16:27 -Allez, j'accompagne ta main, Emma.
16:30 Non, c'est bon.
16:31 On est là. Je lève ta main.
16:33 Musique douce
16:36 ...
16:41 -Une fois qu'elle a lancé son geste
16:43 à venir l'aider à terminer son mouvement,
16:46 j'ai pas envie qu'elle s'affruste,
16:48 donc je vais faire le contact.
16:49 -Tournez la page.
16:51 -Et on va faire de la numération.
16:54 Elle pleure.
16:55 -On ne sait pas ce que tu préfères.
16:57 Est-ce que tu en vois où il y a 6 ?
17:00 Elle pleure.
17:02 Des cheveux, ou est-ce que tu en vois 4 ?
17:04 Elle pleure.
17:05 ...
17:11 -Laura enseigne le matin et l'après-midi,
17:15 elle laisse d'autres intervenants prolonger son travail,
17:18 comme Emma Veyraud, l'ergothérapeute de l'école.
17:21 -Bravo ! -Super !
17:24 Musique douce
17:27 -Je vais mobiliser les doigts de Malo pour limiter les rétractions
17:31 et pour qu'il puisse attraper plus facilement
17:33 les outils scolaires, que ce soit les ciseaux, les crayons,
17:37 et pouvoir aussi dissocier ses doigts plus facilement.
17:40 ...
17:49 -Merci, Emma !
17:50 -Merci, Malo !
17:51 -Merci, Samina !
17:52 -Merci, Marion !
17:53 -Merci, Emma !
17:55 -C'est parti.
17:56 -On est partis, là.
17:57 On recule.
17:58 -Allez, Marie.
17:59 -Tout est lié dans le cerveau.
18:01 Quand on prend un objet pour le mettre de gauche à droite,
18:04 on connecte nos deux parties du cerveau.
18:07 On essaie en classe de faire des traits plus précis,
18:10 de passer autant de la gauche à la droite.
18:12 On essaie de travailler les mêmes compétences.
18:15 Par exemple, si on travaille sur les nombres,
18:18 je vais leur demander de me chercher trois balles
18:20 ou de mettre dans la boîte, je sais pas, cinq grenouilles.
18:24 Ca donne plus de sens et ça fait plus de lien.
18:26 On n'est pas chaque rééducateur dans son coin
18:29 avec l'objectif de lever les bras au-dessus de la tête
18:32 pour, par exemple, enfiler son bonnet.
18:34 Là, on est vraiment plus loin, on va plus loin.
18:37 On essaie de développer au maximum leurs apprentissages scolaires.
18:40 Musique douce
18:42 ...
18:46 -Même quand elle n'enseigne pas,
18:48 l'après-midi, Laura n'est jamais bien loin
18:51 et fait du bénévolat.
18:52 Concertations et réunions s'enchaînent.
18:55 Aujourd'hui, c'est avec Alexandra Guégan
18:57 qu'elle décide de passer du temps.
18:59 La jeune éducatrice spécialisée
19:02 est venue en observation au Centre des Possibles.
19:05 Elle travaille dans un institut médico-éducatif
19:08 où certains des élèves de Laura sont accueillis
19:11 quelques jours par semaine
19:12 et auquel, dorénavant, l'école des Possibles est rattachée.
19:16 -Du coup, tous les matins, il y a classe,
19:19 c'est vraiment plus...
19:20 -L'emploi et le temps que tu as fait aujourd'hui,
19:23 il se répète lundi, mardi, jeudi, vendredi.
19:25 Tout va comparativement à l'IME.
19:27 On est sur l'accompagnement des apprentissages,
19:30 donc il y a plus de guidances, on est plus avec l'enfant.
19:33 -On cherche l'autonomie en restant à côté d'eux
19:36 car il y a la mobilisation des gestes.
19:38 Dans les outils de com',
19:39 t'as dû voir le classeur de Ryan.
19:42 Les classeurs pod, comme tu as vu, utilisés ce matin.
19:45 -Après, c'est ça,
19:46 on n'a pas forcément toutes les formations sur la communication.
19:50 Le pod, moi-même, je suis en difficulté pour l'utiliser
19:53 comme je ne connais pas trop, en fait.
19:55 -Je te pose.
19:56 -Pourtant, le pod, ce classeur rempli de pictogrammes,
20:00 c'est la base de ce que l'on appelle
20:02 la communication alternative augmentée, la CAA,
20:07 sans laquelle il paraît bien difficile de comprendre ses enfants.
20:11 -On a des logiciels de com' aussi.
20:15 On a celui-là, tu vois, avec la synthèse vocale.
20:18 Je... -Vouloir.
20:20 -Vouloir aller... -Au parc.
20:22 -Au parc.
20:23 Mais notre but est d'entrer chaque enfant et un outil
20:25 avec toutes ses possibilités de communiquer
20:28 dans différentes situations.
20:29 Ca l'ouvre sur le monde, ça diminue les troubles.
20:32 Et l'enfant, au niveau cognitif, il apprend à décrire,
20:35 à rentrer en communication avec quelqu'un,
20:37 il développe ses habiletés sociales, la mémorisation,
20:40 la catégorisation,
20:41 donc tout un tas de fonctions qui m'aident en tant qu'enseignante,
20:45 et c'est ce que je vais chercher quand je vais faire travailler.
20:48 De dire "je mets en place un outil",
20:50 c'est incroyable le nombre de choses que je vais travailler.
20:53 Sans CAA, je ne pourrais plus enseigner.
20:59 -Parmi les neuf enfants du centre des possibles,
21:02 trois sont accueillis deux jours par semaine
21:04 dans cet établissement médico-social,
21:07 l'IME de Kergado.
21:09 Ces établissements ont été créés dans les années 70
21:13 pour soulager les familles,
21:15 éduquer et soigner les enfants en situation de handicap.
21:18 Ce matin, je retrouve William, 11 ans,
21:24 que son chauffeur vient chercher les lundis et mercredis
21:27 avec ses copains,
21:28 et Alexandra, son éducatrice spécialisée
21:31 que j'avais rencontrée chez l'ORAC Obigo.
21:33 En tout, cet institut accueille 44 enfants.
21:37 William fait partie d'un petit groupe de quatre adolescents
21:41 encadré par trois éducatrices spécialisées
21:44 ou accompagnatrices médico-sociales.
21:46 Musique douce
21:48 -Ma voix vient te dire bonjour, bonjour
21:52 -Ah !
21:53 -Euh...
21:54 -Ma voix vient te dire bonjour, bonjour
21:58 -Ah !
21:59 -Bonjour, bonjour
22:03 Je viens pour te dire bonjour
22:06 Bonjour, bonjour
22:09 Je viens pour te dire bonjour
22:12 ...
22:15 -Ah !
22:16 Musique douce
22:17 -Voilà.
22:18 Encore.
22:19 ...
22:22 -Ah !
22:23 -Ca va ?
22:24 -Ah !
22:26 ...
22:51 -Tu vas boire.
22:52 Le temps libre.
22:54 Tu vas aller à la médiathèque avec Tiffan
22:59 et aux toilettes.
23:02 Tu peux te rassurer.
23:04 -Hé !
23:05 -Un emploi du temps bien tristouné.
23:09 C'est ce que l'on appelle de l'occupationnel,
23:13 et pour les mauvaises langues, de la garderie.
23:16 D'ailleurs, hormis quelques rares pictogrammes,
23:19 aucun outil de communication n'a été mis en place
23:22 pour des enfants qui ne parlent pas
23:24 alors que nous sommes dans un institut spécialisé.
23:27 L'avantage de ces établissements,
23:29 c'est que les enfants y bénéficient d'un peu de rééducation.
23:33 Le lundi, une séance d'orthophonie pour William
23:37 et le mercredi, une demi-heure de psychomotricité.
23:40 -Attention, la tempête arrive.
23:42 -Chut, chut, chut...
23:44 -Ah !
23:46 -Le bateau a chavéré.
23:49 -Dans le médico-social, notre culture,
23:51 c'est le soin.
23:52 Donc, c'est d'abord que les enfants
23:55 soient bien nourris, soient propres,
23:58 aient des activités.
24:00 Et pour le coup, on est sans doute très centrés sur le corps
24:03 et pas suffisamment sur la tête.
24:05 L'autonomie passe aussi par le savoir,
24:07 et c'est sans doute quelque chose
24:09 qui ne fait pas partie de notre culture.
24:11 -Bye.
24:12 -Laura Kobigo m'a vraiment étonnée
24:17 parce qu'elle m'a vraiment montré
24:19 que les enfants en situation de polyhandicap
24:22 n'ont pas seulement beaucoup de compétences,
24:24 mais qu'ils peuvent apprendre
24:26 des enseignements scolaires.
24:28 -Comme ici,
24:29 certaines associations qui gèrent ces instituts
24:32 en ont pris conscience et sollicitent de plus en plus
24:35 l'Education nationale, qui peine à répondre à la demande.
24:39 Kergado bénéficie de deux unités d'enseignement,
24:42 celle de Laura Kobigo, à l'Ecole des Possibles,
24:45 et une autre sur place,
24:46 avec un autre enseignant,
24:48 également nommé par l'Education nationale.
24:51 Il est arrivé il y a quelques mois.
24:53 Emmanuel Martineau,
24:54 directeur de l'association qui gère six établissements
24:58 comme celui-ci, le rencontre pour la première fois.
25:01 Et surprise, l'enseignant n'a pas encore
25:04 tous les diplômes requis pour ce poste.
25:07 -L'année prochaine, je serai là,
25:09 mais pour que le poste soit pérennisé,
25:12 il faut que je fasse la spécialisation.
25:15 -D'accord.
25:16 Donc vous vous prenez en charge aujourd'hui.
25:19 Combien d'enfants ?
25:20 -Alors là, cette année, j'ai 19 jeunes que je suis.
25:24 Ça a pour des temps de scolarisation
25:26 qui vont par semaine de 30 minutes à 3 heures.
25:29 -Le fait que sur les 40 et quelques enfants,
25:32 on en prenne 19, c'est une question de temps
25:35 ou une question d'intérêt pour l'enfant ?
25:37 -C'est surtout dû, pour l'instant,
25:40 on les prend que jusqu'à l'âge de 16 ans.
25:42 -Il a du sens, ce critère-là ?
25:44 -Euh... Si ma hiérarchie me la pose, oui.
25:48 Si on pouvait les garder plus longtemps,
25:51 c'est sûr que plus on les garde, plus ils savent apprendre.
25:54 -Ces adolescents n'ont reçu aucune scolarité enfant.
25:58 30 minutes à 3 heures par semaine,
26:01 aujourd'hui, et à 16 ans, c'est fini.
26:04 Le temps d'école est court pour les enfants handicapés,
26:08 qui pourtant apprennent plus lentement.
26:12 Musique douce
26:15 ...
26:25 Une véritable course contre la montre
26:27 dans laquelle Laura s'est lancée à corps perdu pour se protéger.
26:31 Aujourd'hui, elle se rend à Vannes
26:34 pour un rendez-vous avec sa hiérarchie.
26:37 Elle a de l'ambition pour ses élèves
26:39 et veut obtenir de l'éducation nationale
26:42 quelques heures par semaine en école ordinaire
26:45 pour tous les enfants que l'école des possibles
26:47 prépare à cette inclusion scolaire.
26:50 ...
26:52 -On ne pourrait pas s'éloigner trop longtemps de la mer.
26:55 Il y a plein de parallèles entre...
26:57 la vie d'Aidan,
27:01 avec un enfant en situation de handicap,
27:04 et la mer.
27:07 À un moment, on est au creux de la vague.
27:10 On sait que ça va remonter.
27:11 À des moments, on a l'impression de couler,
27:14 mais on arrive toujours à retrouver les ressources
27:17 parce que l'énergie, comme dans la mer,
27:19 elle nous revient en flot et...
27:21 Voilà, c'est des cycles.
27:23 ...
27:26 -Parmi les 9 enfants de son école,
27:28 seuls 3 d'entre eux, les plus jeunes,
27:31 sont déjà accueillis quelques demi-journées par semaine
27:34 dans l'école de leur quartier.
27:36 Mais pour Laura, ce n'est pas suffisant.
27:39 -Dans l'unité, il y en a par groupe de 3.
27:42 C'est pas du tout l'environnement d'une classe de 25 élèves
27:45 qui accueille un enfant en situation de polyhandicap.
27:48 C'est pas la même stimulation.
27:50 Mais moi, je veux la défendre, la question de l'inclusion.
27:53 Je veux la défendre parce que c'est un projet
27:56 qui est tout à fait possible tant qu'on arrive à s'adapter
27:59 aux besoins de chaque enfant.
28:01 C'est ça que je vais un petit peu aller chercher.
28:04 ...
28:10 -Depuis 2005, légalement, tout enfant handicapé
28:15 peut s'inscrire dans l'école de son quartier.
28:17 Mais la loi n'a pas été appliquée.
28:20 Et ce n'est qu'en 2017 qu'il en fut à nouveau question,
28:24 alors même que la France était épinglée
28:26 dans un rapport de l'ONU.
28:28 Aujourd'hui, Laura compte bien faire valoir
28:32 les droits des enfants.
28:33 ...
28:35 -J'avais besoin de voir si, en effet, vous, dans votre esprit,
28:39 dans les attentes d'Education nationale et du rectorat,
28:42 c'était vraiment qu'on puisse travailler sur ces projets
28:45 d'inclusion individuelle et de scolarisation individuelle
28:49 et donc de travailler en partenariat
28:51 avec des établissements maternels, élémentaires et collèges.
28:54 Et le temps de travailler avec les équipes,
28:57 voir les aménagements qu'il peut y avoir pour les faire,
29:00 je pense que, mine de rien, une année entière de travail,
29:03 c'est un projet de scolarisation qui nécessite une année de travail,
29:07 de coordination des acteurs, etc., avant de le rendre effectif.
29:10 -Si je dois travailler avec une maternelle,
29:13 une école élémentaire et un lycée...
29:15 ...
29:17 -La scolarisation, c'est un droit pour tous les élèves.
29:21 Et donc, dès lors qu'une famille en fait la demande,
29:25 on doit être à même de l'accueillir.
29:27 -Il faut prendre en considération
29:29 toutes les capacités et les possibilités
29:33 de ces élèves.
29:34 Donc, rien n'est fermé.
29:37 Voilà.
29:39 -Tout est possible. -Et tout est possible.
29:41 -Ça me parle bien. -Oui, absolument.
29:43 -Mais en tout cas, votre plus-value,
29:46 on va dire, dans l'unité d'enseignement,
29:49 c'est bien votre expertise pédagogique.
29:51 Et donc, du coup, je pense que votre intervention
29:55 en direction des enseignants qui accueillent ces enfants
29:59 sur des temps de scolarisation ne peut être que bénéfique.
30:02 -Et puis, il y a une attente. -Il y a une attente.
30:05 Vous êtes enseignante, donc, du coup,
30:07 vous allez aussi pouvoir leur expliquer
30:09 comment concevoir leur séance, les outiller,
30:12 leur proposer des outils pour que l'élève puisse apprendre,
30:15 parce qu'il faut aussi qu'il apprenne dans le milieu ordinaire.
30:19 C'est partie de votre mission.
30:20 -Et on compte bien sur votre aide.
30:22 -Je suis pas contre, mais je dois bien vous avouer
30:25 que sur un mi-temps, je vois pas trop comment assurer
30:28 toutes ces missions. -En tout cas,
30:30 c'est une expérience riche. -Tout à fait.
30:32 -Les inspectrices le savent bien, une fois de plus,
30:35 pour inclure ces élèves dans le milieu ordinaire,
30:38 la jeune enseignante, malgré son mi-temps,
30:41 va s'investir à fond, sans compter ses heures.
30:45 Musique douce
30:47 ...
30:51 Musique douce
30:55 ...
31:08 Laura a déjà oeuvré pour la mise en place
31:11 de l'inclusion de Gabin, 6 ans.
31:13 Lui aussi, élève au centre des possibles
31:16 deux jours par semaine.
31:18 Et depuis deux ans, quand il n'est pas chez Laura,
31:21 Gabin est accueilli en inclusion
31:23 dans cette classe de grande section de maternelle,
31:26 à Codan, où il habite.
31:28 ...
31:29 Gabin n'est jamais seul, toujours aidé par Fabien Grégory,
31:34 son AESH, autrement dit, accompagnateur des élèves
31:38 en situation de handicap à l'école.
31:41 ...
31:48 Françoise Gendre...
31:50 -Bonjour, les enfants. -Bonjour, maîtresse.
31:53 -Bonjour, maîtresse.
31:54 -...est la maîtresse de ces 29 joyeux petits lutins.
31:58 ...
31:59 -Un, deux, trois.
32:01 -Lundi, mardi,
32:05 mercredi, jeudi,
32:08 vendredi, samedi, dimanche.
32:13 Le fait qu't'aies pas passé
32:16 Il ne passera jamais
32:19 -Très bien. Et aujourd'hui, nous sommes ?
32:22 -Mercredi.
32:23 -Samedi. -Mardi.
32:26 -Fais-nous le mois de mercredi. -Allez, coquin.
32:29 -Mardi. -Allez.
32:30 -Mardi.
32:31 ...
32:35 -Mon rôle premier, c'est de le suivre au sein de la classe,
32:39 mais sans faire à sa place, surtout.
32:41 Et puis, c'est de lui faciliter la vie
32:43 pour qu'il soit le plus possible en inclusion.
32:48 L'idée, c'est quand même, pour moi, de le mettre en situation
32:51 où, justement, je peux m'effacer.
32:53 C'est avec les autres qu'il doit grandir et progresser,
32:56 et pas avec moi. Il a un âge où il doit faire des choses
32:59 avec les enfants de son âge.
33:01 -Ici non plus, pour échanger avec lui,
33:04 on n'utilise pas le classeur de communication de Gabin.
33:07 Mais pour lui, pas de temps mort.
33:10 Il est stimulé toute la journée par Fabien,
33:12 mais aussi par ses camarades, sans même s'en rendre compte.
33:17 -Alors, bien sûr, on peut pas dire
33:19 qu'il a le niveau d'un enfant de grande section.
33:22 Nous, ce qu'on a vu dans les progrès,
33:24 c'est simplement que là, Gabin, je peux dire qu'il a des copains.
33:29 Il a des copains à l'école.
33:30 Et les autres ont apporté plein de choses.
33:34 Je pense que...
33:36 Peut-être que Gabin aurait mis plus de temps à apprendre à marcher
33:40 s'il n'y avait pas eu les autres.
33:42 Les pères.
33:43 Ces pères qui savent marcher, qui l'ont pris par la main,
33:47 qui lui ont dit "Viens, Gabin, on y va."
33:49 Je sais pas, mais je me dis que peut-être
33:53 qu's'il avait été rien qu'avec des enfants comme lui,
33:57 est-ce que la marche aurait été aussi vite acquise ?
34:00 Je sais pas.
34:01 -Pour moi, c'est le vivre ensemble et l'effet du groupe,
34:05 qui est très fort.
34:07 Peut-être encore plus, lui, à son niveau,
34:09 parce qu'il part de plus loin.
34:12 -Ah, d'ailleurs, il a sûrement vidé.
34:14 -Gabin est heureux.
34:15 Quand il vient à l'école, ici, il est heureux.
34:18 Il arrive le matin, il est content.
34:20 Il repart le soir ou le midi, il est content.
34:22 Quand il va à l'école, c'est pareil.
34:24 -Fabien, militaire à la retraite,
34:27 a voulu donner du sens à sa vie,
34:29 une chance pour Gabin.
34:31 Car aujourd'hui, les AESH se font rares.
34:34 Une rémunération dérisoire, un statut fragile,
34:37 une reconnaissance inexistante
34:40 pour une mission, pourtant, indispensable.
34:43 -Prends le mien.
34:44 -Sans Fabien, il n'y a pas d'accueil
34:47 pour un enfant du même type que Gabin.
34:52 C'est pas possible.
34:53 -Vas-y, roule. -Bizarre, hein ?
34:55 -Vas-y, mon papa. -Ouais, là, il est son papa.
34:57 -Oui, Gabin. -Ah, c'est bien, Gabin.
34:59 -On roule.
35:01 -Ca se passe bien,
35:02 parce que tout autour de Gabin,
35:06 il y a des gens.
35:08 Il y a, bien sûr, l'école des possibles,
35:11 avec Laura, qui est une femme formidable,
35:15 qui fait plein de choses.
35:17 L'école des possibles, c'était vraiment l'école
35:19 où Gabin a peut-être le plus progressé
35:22 au niveau des apprentissages.
35:24 Moi, j'ai regretté, cette année,
35:26 de ne pas avoir le temps,
35:28 beaucoup de temps pour lui,
35:30 pour apprendre plein d'autres choses
35:34 que la socialisation, en fait.
35:37 Les apprentissages,
35:38 vraiment, ce qu'on appelle un apprentissage,
35:42 j'ai pas été à la hauteur.
35:44 Moi, je ne sais pas m'occuper d'un enfant comme Gabin.
35:49 J'ai appris avec lui, comme j'ai pu,
35:51 j'ai fait ce que j'ai pu.
35:53 -Mais la socialisation, c'est déjà beaucoup.
35:56 Et c'est peut-être là la promesse
35:58 d'une intégration réussie plus tard
36:01 dans une société plus inclusive.
36:03 Pourtant, je sens une angoisse
36:06 et une frustration profondes chez les enseignants.
36:09 Ils se croient dépassés,
36:11 quelques fois même abandonnés,
36:13 quand la mission semble trop lourde à surmonter.
36:16 Pour eux, l'inclusion a été décrétée,
36:19 mais mal préparée.
36:21 -Ca se passe mal avec d'autres enfants
36:23 qui n'ont pas la chance
36:26 d'avoir un AESH avec eux.
36:28 C'est compliqué.
36:30 Ca peut abîmer toute une classe,
36:32 parce que quand ça se passe mal,
36:34 ce n'est pas que l'enfant qui va mal
36:37 qui va mal, c'est aussi tous les autres.
36:40 Ca peut être les enseignants,
36:42 l'enseignement de la classe,
36:44 mais tous les enseignants de l'école qui en pâtissent.
36:47 Cette année, on a eu deux cas dans notre école.
36:50 Gabin, un autre enfant.
36:52 Une bonne intégration et une plus difficile.
36:56 Il faut penser à ces enfants-là,
36:58 à leur famille, aux parents,
37:00 qui sont souvent en détresse profonde.
37:03 On ne fait rien pour ça en France.
37:05 Si c'est pas bien, il faudrait se réveiller enfin.
37:08 -Un enfant qui apprend grâce à une pédagogie adaptée,
37:15 une enseignante bienveillante,
37:17 guidée par une enseignante spécialisée,
37:20 et un AESH dédié, investi et bien rodé.
37:23 Voici sans doute l'alchimie idéale
37:26 pour une inclusion réussie.
37:28 Un investissement pour l'éducation nationale,
37:30 mais aussi pour les parents.
37:32 ...
37:35 Applaudissements
37:37 ...
37:41 -Il est 15h.
37:43 La maman de Gabin vient le chercher.
37:45 -A toute honneur !
37:47 -Le petit garçon a besoin de rééducation.
37:51 Un service de soins à domicile, le CESAD, existe bien,
37:56 mais comme toujours, il est débordé
37:58 et la liste d'attente interminable.
38:01 Alors, malgré son activité professionnelle,
38:04 c'est la maman de Gabin qui s'y colle
38:06 et l'emmène toutes les semaines faire ses suivis en libéral.
38:10 ...
38:11 -Il a...
38:13 kiné le mardi et le vendredi,
38:16 et le mardi et le vendredi, il a aussi orthophonie.
38:19 J'ai aussi des patrons hyper conciliants,
38:22 enfin, des responsables.
38:24 Je pourrais pas faire tout ça
38:25 si on m'avait pas modifié un peu mes horaires de travail.
38:29 Je commence très tôt.
38:31 Le mardi, je commence à 5h,
38:33 mais je finirais à 9h30, 10h,
38:36 et après, le matin, après 10h30, il a orthophonie.
38:40 Et je le redépose
38:43 pour une heure, à peu près,
38:45 pour une heure d'école,
38:48 et après, je le récupère pour aller à la kiné.
38:51 Voilà, ça, c'est des journées...
38:53 chargées, peut-être, mais ça passe.
38:56 De toute façon, même si on m'en demandait d'en faire plus,
39:02 je ferais plus. Il a rien demandé,
39:04 il a tout ça qui lui est tombé sur le nez,
39:07 et nous, on est là. Voilà.
39:08 On n'a pas le choix.
39:10 Musique douce
39:12 -Mais l'inclusion scolaire de ces enfants
39:16 ne tient qu'à un fil
39:18 et repose trop souvent encore
39:20 sur la bonne volonté et les belles rencontres.
39:23 Montre-moi ce que j'ai fait, là.
39:25 Très bien.
39:26 ...
39:33 Comme Gabin,
39:34 Maïwenn est l'une des trois élèves de Laura Kobigo
39:37 à aller deux matinées par semaine dans son école de quartier.
39:41 Ces jours-là,
39:42 deux auxiliaires de vie se relaient
39:45 pour la garder l'après-midi.
39:47 -C'est le hibou ?
39:49 -Ouh, ouh, ouh !
39:50 -Mais plus pour longtemps.
39:52 Une place à l'IME de Kergado s'est libérée
39:56 et l'école de Maïwenn a fortement conseillé à la maman
40:00 de l'y placer à la rentrée prochaine.
40:03 Pour Maïwenn,
40:05 l'inclusion en école ordinaire s'arrête là,
40:09 à cinq ans.
40:10 -Donc, c'est des beaux bâtiments, l'IME,
40:13 des auxiliaires très sympathiques,
40:16 des gens très souriants,
40:18 ce qui m'a un petit peu...
40:20 -Rassurée. -Ça, ça m'a rassurée.
40:22 Après, ce qui m'a pas rassurée...
40:25 Elle n'aurait pas d'enseignement à l'IME,
40:27 puisqu'elle va au centre des possibles.
40:30 Je l'ai découvert jeudi dernier.
40:32 C'est pas une très bonne nouvelle.
40:34 Comme Maïwenn va au centre des possibles,
40:36 elle a de l'enseignement,
40:38 donc ils estiment que c'est suffisant pour elle.
40:41 C'est un peu dommageable.
40:42 J'ai appris qu'elle aurait certainement pas d'orthophonie.
40:46 Donc, ils ont une orthophoniste à 40 %.
40:49 C'est vraiment un problème.
40:50 Donc, voilà, c'était les deux mauvaises nouvelles
40:53 qui m'ont un petit peu chagrinée.
40:55 Et l'école, ça aurait pu bien se passer.
40:59 Le souci, c'est qu'ils ne connaissent pas le handicap.
41:03 La ESH a plein de bonnes volontés, mais elle n'est pas formée.
41:07 C'était la première fois qu'ils avaient un enfant
41:09 aussi handicapé que Maïwenn.
41:11 Donc, ça a été une grosse découverte.
41:13 Ils ont passé deux ans à l'école, deux fois trois heures par semaine,
41:17 mais ils ont eu du mal à mettre en place des ateliers,
41:20 l'inclure dans le groupe.
41:21 Et on se retrouve toujours devant des barrières.
41:24 C'est-à-dire que l'équipe du centre des possibles
41:27 était prête à venir à l'école pour leur donner des techniques,
41:31 ou l'inverse, que l'institutrice et l'ESH
41:33 puissent venir au centre des possibles,
41:36 mais ça a été refusé par les autres.
41:38 Les autorisations n'ont pas été données.
41:40 -La maman de Maïwenn regrette.
41:42 Mais elle n'a pas eu le choix.
41:44 -Qu'est-ce que tu attendais de l'école ?
41:46 Qu'est-ce que tu voulais qu'ils fassent ?
41:49 -J'aurais aimé qu'ils s'investissent plus auprès de Maïwenn,
41:53 qu'ils se mobilisent un peu plus,
41:55 et pas qu'ils... Direct, en se disant...
41:57 De toute façon, sa place n'est pas là,
42:00 on attend qu'elle se place ailleurs.
42:02 C'est comme ça que je le ressens.
42:04 ...
42:07 -Bi, bi, bi, bi !
42:11 -Ah, ouais, ouais !
42:13 Musique douce
42:19 ...
42:28 -Souvent, ce n'est pas le handicap,
42:30 mais les portes qui se ferment, qui nous désespèrent.
42:34 Depuis quelques semaines,
42:36 Laura Kobigo, en congé maladie, n'enseigne plus.
42:41 A trop courir partout,
42:43 Laura a oublié qu'elle aussi était maman d'un enfant
42:46 en situation de handicap.
42:48 Le ras-le-bol l'a envahi,
42:50 et à force de tirer sur la corde,
42:53 elle a fini par se rouvrir.
42:55 ...
42:57 -Eh bien, mon corps a dit "stop".
42:59 A trop devoir gérer
43:02 de multiples responsabilités,
43:09 travail, surmenage.
43:11 -Je le sentais un petit peu venir, quand même,
43:14 parce que ça fait déjà quelques mois,
43:16 on peut même dire quelques années,
43:19 où du coup, Laura, elle est...
43:22 Elle est vraiment sur la corde raide.
43:24 Ca se voit, ça se voit, ça s'entend,
43:27 et j'étais pas vraiment surpris
43:31 quand à un moment donné,
43:32 j'ai bien vu qu'elle pouvait plus.
43:35 -Je voulais faire les choses bien et jusqu'au bout,
43:38 et je me suis mise aussi dans plein de projets
43:41 pour répondre oui, parce qu'il y avait de la demande.
43:44 Donc j'ai répondu oui, oui, oui,
43:46 et parce qu'on est peu aussi à pouvoir aussi répondre oui
43:50 et avoir les ressources pour le faire.
43:53 Musique douce
43:55 ...
44:01 En fait, quand on est dans,
44:04 on est déjà exténué par un quotidien
44:06 qui est... qui est lourd,
44:08 avec des solutions d'accompagnement et d'aide
44:12 et de répit qui ne sont pas suffisants,
44:14 et en fait, on nous fait des promesses.
44:16 Il y a des promesses, des grandes promesses
44:19 sur l'école inclusive, sur la scolarisation,
44:21 sur la rééducation, mais si on ne vient pas là,
44:24 derrière, pour aller se faire accélérer les choses,
44:27 pour se faire entendre, pour dire "Vous nous avez dit ça,
44:30 "quand est-ce que ça arrive ?" Ca bouge pas.
44:33 On ne se rend même plus compte que c'est un acte de maltraitance.
44:37 De ne pas solliciter un enfant, de ne pas proposer d'aller à l'école,
44:40 de ne pas assurer une rééducation dont il aurait besoin
44:43 pour un minimum garder ses compétences,
44:45 mais aussi l'aider à progresser.
44:47 On est face à des choses qui nous prennent tellement au trip
44:51 dans l'accompagnement et dans l'accueil des enfants
44:55 comme les nôtres que cette injustice-là,
44:57 elle est... Voilà, elle nous...
44:59 Elle nous écoeure, elle nous rend malades.
45:03 Musique douce
45:05 ...
45:11 -Je pensais qu'en montant cette école-là,
45:14 j'allais me retrouver apaisée.
45:16 Ca a été le cas, un moment.
45:17 Et puis je me suis rendue compte que malgré les énormes progrès
45:21 que font mes élèves et le bonheur que c'est de travailler
45:24 au centre des possibles, je me confronte à une montée
45:27 en puissance de ma frustration, de ma colère et de ma peur
45:30 pour l'avenir alors que je suis au quotidien à agir.
45:33 ...
45:39 Musique douce
45:42 ...
45:43 -Laura Kobigo, absente.
45:45 -Ca, c'était une grosse fuite.
45:47 -Au centre des possibles, Sabrina, Laura, Marion et Lisa,
45:51 les accompagnatrices des enfants,
45:53 doivent se débrouiller sans chef d'orchestre.
45:56 -Comment tu te sens ce matin, William ?
45:59 Comment tu te sens ?
46:00 -Parce que tu es triste, parce que tu as peur,
46:02 tu es en colère ou alors tu es fatigué.
46:05 -Qu'as-tu vu ?
46:06 Tu regardes, hein ?
46:08 OK.
46:09 Anna est là, aujourd'hui.
46:11 Effectivement. Qui d'autre ?
46:13 -Soit. Ce n'est pas simple.
46:16 Mais je suis étonnée de leur aisance.
46:18 A force de côtoyer Laura Kobigo sans préjuger
46:22 sur le potentiel des enfants,
46:23 elles ont acquis un vrai savoir-faire.
46:26 -Toi, t'accompagnes William.
46:28 -Il me reste des ateliers de classe qu'on n'avait pas finis ensemble.
46:32 -Et Anna ? J'ai continué les listes.
46:34 -Il me reste la valise. -Il en reste une.
46:36 Mais là, aujourd'hui, je n'ai même pas...
46:39 Je pense que maman finira cette feuille-là.
46:41 -C'est elle qui nous envoyait les fichiers.
46:44 On imprimait et on avait une feuille
46:47 où il y avait les explications de chaque atelier,
46:51 comment le construire.
46:53 -Elle a confiance en nous pour mener les ateliers.
46:56 On sait mener un atelier.
46:57 La difficulté, c'est d'avoir la bonne évaluation.
47:00 Musique de violon
47:02 ...
47:20 ...
47:26 -Celui-là, c'est l'avion. Tu viens le chercher ?
47:29 -Oui.
47:31 -William, regarde, je te les mets là.
47:33 -Regarde. -Ouais, super. Merci, William.
47:37 -Aaaah !
47:38 -Le chien part en moto.
47:40 -Aaaah !
47:41 -Où est la moto, William ?
47:43 La moto. Oui, super.
47:45 La moto, bravo. Tu as vu le mot ?
47:48 Moto.
47:49 -Quatre mois ont passé depuis notre première rencontre
47:52 et je suis impressionnée des progrès de William.
47:56 Il rentre dans la lecture.
47:58 Après deux ans, passé à l'école des possibles,
48:01 il défie les apparences et contredit les pronostics.
48:04 -Oui, merci, Wivi, super !
48:07 -Aaaah !
48:08 -Tiens, mignon, super. Bravo, William.
48:11 -Bleu, rouge...
48:12 -Tout comme Gabin,
48:14 dont l'application a trouvé la bonne réponse,
48:17 m'étonne et m'attendrit.
48:19 -Je te donne une roue bleue.
48:22 Peux-tu me montrer sur quelle voiture je mets la roue bleue ?
48:25 ...
48:32 Oui ! Bravo, Gabin.
48:35 Super. On va prendre la petite gommette.
48:38 ...
48:40 Et on va la mettre...
48:42 Tac !
48:43 -Combien de roues, depuis le début, on met, là, aux voitures ?
48:47 -Une ou deux ?
48:48 -On tourne pas la page.
48:50 -Oui, deux, super.
48:52 Bah oui, tu peux te féliciter.
48:54 -Envoie au champion Gabin !
48:56 -Mais ouais !
48:57 Musique douce
48:59 -Ces progrès, pour moi,
49:01 sont la preuve que cette unité pionnière
49:04 est duplicable ailleurs,
49:06 même sans son enseignante fondatrice.
49:09 ...
49:14 -La fin de l'année approche.
49:16 Après les vacances, Laura, remise,
49:19 reviendra dans sa classe pour retrouver ses 9 petits élèves.
49:22 Gabin fera aussi sa rentrée en CP ordinaire
49:26 pour 4 matinées par semaine.
49:29 Malo, lui, ira en CM2 tous les vendredis.
49:34 ...
49:38 Musique joyeuse
49:41 -Fin juin, au centre des possibles,
49:43 c'est jour de fête.
49:45 -Notre spectacle, là,
49:47 pour titre de cirque des possibles,
49:50 "Voyage", et que ça commence.
49:52 Applaudissements
49:54 -L'équipe a tenu à préparer un spectacle de fin d'année
49:58 pour mettre en valeur les enfants,
50:00 donner du sens à leurs efforts
50:02 et des étoiles de fierté
50:04 dans les yeux des parents et de Laura.
50:06 ...
50:14 Applaudissements
50:18 Un bonheur tout simple et bon enfant,
50:21 dont nous sommes le plus souvent privés.
50:23 ...
50:28 Applaudissements
50:31 ...
50:34 -C'est un beau spectacle, là.
50:36 ...
50:58 -Pour Laura, c'est un peu la consécration.
51:00 Une raison de plus pour continuer,
51:03 persévérer dans la voie qu'elle sait juste,
51:06 pour donner à ses enfants, au-delà même de l'inclusion,
51:09 la possibilité d'accéder au savoir,
51:12 à la liberté et à la citoyenneté pleine et entière.
51:15 Elle le sait,
51:18 le chemin sera encore long.
51:20 -Rien ne me découragera.
51:22 Le nom de l'école que j'ai créée, c'est le centre des possibles.
51:26 Tant que c'est possible, je continuerai.
51:28 Tant qu'on se donne les moyens,
51:30 même si le projet n'est pas celui qu'on a pensé au démarrage,
51:34 tout reste possible.
51:35 Si nous ne nous agissons pas, les gens ne vont pas le faire.
51:39 On est dans une obligation de le faire.
51:41 Musique douce
51:43 ...
51:46 Applaudissements
51:48 ...
51:50 ...
52:15 ...

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