Comme chaque jour dans Live Switek, Roselyne Dubois répond à vos questions.
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00:00 Une innovation impressionnante.
00:01 C'est une américaine de 34 ans qui était atteinte de tocs sévères et qui a été soignée grâce à un implant inédit.
00:08 On va en parler avec vous Margot de Frouville.
00:10 Déjà, comment ça fonctionne ? En fait, c'est à l'arrière de la tête, c'est même pas gros, comme un poncement, comme un sparadrap à l'arrière du crâne.
00:16 C'est une petite bandelette de 3,2 cm qui envoie une impulsion électrique dès qu'il détecte une réaction anormale du cerveau.
00:24 C'est ce qu'on appelle la stimulation cérébrale profonde et c'est une technique qui est utilisée depuis plus de 30 ans
00:29 pour traiter l'épilepsie. Mais là, ce qui est novateur, c'est que c'est à la fois pour traiter l'épilepsie et les tocs, les trous obsessionnels compulsifs d'une patiente.
00:36 L'opération remonte à 2019 par des médecins de l'Oregon aux Etats-Unis.
00:41 Pour l'anecdote, c'est elle qui a suggéré à l'équipe médicale cet implant parce qu'on lui avait enlevé une partie de son cerveau à cause de son épilepsie.
00:47 Malgré ça, elle continue à faire des crises très graves.
00:50 Les médecins ont réfléchi à l'opportunité de lui poser un implant.
00:53 C'est à ce moment-là qu'elle a dit au médecin "si vous me posez une électrode pour l'épilepsie, est-ce que vous ne pouvez pas traiter en même temps mes tocs qui me pourrissent la vie ?"
01:00 Il a fallu quand même un peu de temps pour voir les premiers effets.
01:03 Déjà pour concevoir l'implant parce qu'en fait les médecins ont d'abord observé l'activité de son cerveau et se sont servis d'aliments qu'il a stressés particulièrement, les fruits de mer,
01:13 pour observer ce qui se passait lorsqu'il y était confronté et identifier des marqueurs électriques associés à ses tocs.
01:19 C'est ce qui leur a permis de programmer l'implant pour déclencher la stimulation uniquement lorsqu'il repère le signal. Écoutez.
01:25 L'appareil lit le cerveau en permanence.
01:30 Lorsque le signal apparaît, vous le ciblez avec une dose d'électricité comme le jeu du canard.
01:35 Chaque fois que vous le voyez, vous tapez sur le canard.
01:38 Voilà. On tape sur le canard.
01:39 On a bien l'image. Dès qu'il y a un truc, hop, ça bzzz dans la tête.
01:43 Et ce n'était pas immédiat. Il a quand même fallu huit mois pour voir des progrès après l'implantation de l'implant.
01:48 Ce n'est pas non plus une solution au miracle immédiat.
01:50 Mais sa vie a vraiment changé. Parce qu'on ne parle pas de quelques petites habitudes maniaques. Elle souffrait quand même de tocs sévères.
01:56 Il faut rappeler que les tocs, c'est une maladie psychiatrique.
01:59 C'est la quatrième maladie la plus fréquente après les phobies, les addictions et les troubles dépressifs.
02:03 Et selon l'Insomme, ça toucherait 2 à 3 % de la population française.
02:06 Et dans les deux tiers des cas, ça se déclare plutôt jeune, avant 25 ans.
02:10 Pour la patiente, ça voulait dire se laver les mains des dizaines, voire des centaines de fois par jour,
02:14 se doucher à chaque fois qu'elle changeait la litière de son chat,
02:17 un rituel avant le coucher pour vérifier que les fenêtres et les portes sont bien fermées,
02:21 le gaz est éteint et les appareils électriques débranchés.
02:23 Dans le cas de la patiente, ça pouvait lui prendre jusqu'à 8 à 9 heures par jour.
02:28 Je me lavais constamment les mains. Et non seulement je me lavais les mains, mais avec les tocs, c'était encore pire.
02:35 Je me lavais donc les mains à chaque fois trois fois. Et puis, soit je me sentais bien, soit je ne me sentais pas bien.
02:43 Et si ce n'était pas le cas, je devais me laver les mains encore trois fois.
02:48 Donc de 8 à 9 heures par jour, aujourd'hui ce n'est plus qu'une demi-heure.
02:52 L'état de ses mains, vous imaginez ?
02:54 Elle saignait. Elle pliait les phalanges, c'était desséché et irrité.
02:58 Donc vraiment un gros changement de vie et le retour à une vie sociale quasi normale.
03:02 Incroyable. Merci Margot.